Autorégulation dans les apprentissages : rôle des parents
troubles neurodéveloppementaux : de quoi parle t on ?
Noémie COURTAIS
présomption de compétences
Autorégulation dans les apprentissages : rôle des parents
accompagnement orthopédagogique
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Ces moments, que beaucoup de familles connaissent, révèlent toute la complexité de l’accompagnement scolaire à la maison. Car l’enjeu n’est pas seulement de vérifier que les devoirs sont faits. Il est beaucoup plus profond : il s’agit d’aider l’apprenant à développer une compétence clé qui l’accompagnera toute sa vie, bien au-delà des bancs de l’école. Cette compétence, c’est l’autorégulation dans les apprentissages.
Mais que recouvre exactement cette notion ? Pourquoi est-elle si importante ? Et surtout, comment les parents peuvent-ils jouer un rôle actif, sans se transformer en enseignants bis ? C’est à ces questions que nous allons répondre, en mêlant explications simples, exemples concrets et conseils pratico-pratiques.
Comprendre l’autorégulation dans les apprentissages
Une compétence qui fait la différence
L’autorégulation dans les apprentissages, c’est la capacité qu’a un apprenant à gérer son propre processus d’apprentissage. Concrètement, cela veut dire qu’il est capable de planifier son travail, observer ce qu’il fait, évaluer si cela fonctionne, puis ajuster ses stratégies en conséquence.
Les chercheurs en sciences de l’éducation s’accordent : les apprenants qui développent tôt cette compétence réussissent mieux à l’école, non pas parce qu’ils sont « plus intelligents », mais parce qu’ils savent comment apprendre. Ils deviennent capables d’anticiper une difficulté, de chercher une autre méthode quand la première échoue, de persévérer malgré un obstacle.
Le lien avec les fonctions exécutives
L’autorégulation repose sur ce que les neurosciences appellent les fonctions exécutives. Ces capacités cognitives se situent dans le cortex préfrontal, et elles agissent comme un véritable chef d’orchestre :
La planification permet d’organiser une tâche, de prévoir les étapes nécessaires.
L’inhibition aide à résister aux distractions (exemple, ne pas céder à l’envie de jouer avec son crayon au lieu de finir un exercice).
La flexibilité cognitive permet de changer de stratégie lorsqu’une méthode ne fonctionne pas.
Ces fonctions se développent progressivement, de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte. Et elles se renforcent la pratique, notamment grâce à l’accompagnement des parents.
Un exemple concret
Imaginons un apprenant de CM2 qui prépare une dictée. En se relisant, il observe qu’il oublie souvent les accents : c’est l’étape d’observation. Il constate que sa méthode – relire une seule fois – ne suffit pas : c’est l’évaluation. Il choisit alors de surligner les mots difficiles et de les vérifier deux fois : c’est la réaction.
Ce cycle, apparemment simple, est le cœur de l’autorégulation dans les apprentissages. Chaque fois qu’un apprenant vit ce processus, il muscle son autonomie.
Le rôle des parents : accompagner sans remplacer
Les parents ont une place essentielle dans le développement de cette compétence. Mais attention : il ne s’agit pas de se transformer en professeur de mathématiques ou en coach scolaire permanent. Le rôle parental est d’un autre ordre : créer les conditions pour que l’apprenant devienne acteur de son propre apprentissage.
Créer un environnement propice
Avant même de parler de méthodes, il est important de soigner le cadre. Un espace calme, dégagé des distractions, avec le matériel nécessaire à portée de main, facilite la concentration. Des routines régulières – exemple toujours commencer les devoirs à la même heure – sécurisent l’apprenant et l’aident à entrer dans la tâche plus facilement.
Un parent peut aussi instaurer des pauses planifiées. Les apprenants ne peuvent pas rester concentrés indéfiniment : une pause toutes les 20 à 30 minutes permet de souffler et d’éviter la saturation.
Encourager plutôt que faire à la place
C’est l’un des points les plus délicats. Face à la difficulté de leur apprenant, beaucoup de parents ressentent le besoin de donner la réponse pour éviter la souffrance ou la perte de temps. Pourtant, l’apprentissage ne se fait pas en recevant des solutions toutes prêtes, mais en cherchant soi-même.
Le rôle du parent est donc d’accompagner le questionnement. Quelques exemples :
« Qu’est-ce que tu comprends dans cette consigne ? »
« Qu’est-ce que tu pourrais essayer ? »
« Est-ce que tu as déjà réussi un exercice de ce type ? Comment avais-tu fait ? »
Ces questions guident l’apprenant, tout en le laissant maître de ses choix.
Valoriser l’effort et normaliser l’erreur
Apprendre, c’est accepter de se tromper. Malheureusement, beaucoup d’apprenants associent l’erreur à l’échec et perdent confiance en eux. Les parents peuvent jouer un rôle clé en valorisant l’effort : « Je vois que tu as persévéré », « Tu as essayé une autre stratégie ».
L’idée est de déplacer le regard du résultat vers le processus. Ainsi, l’apprenant comprend que se tromper n’est pas grave, tant qu’il réfléchit à ce qu’il pourrait faire différemment la prochaine fois.
Stratégies concrètes pour soutenir l’autorégulation dans les apprentissages
Le pouvoir des questions métacognitives
Les questions métacognitives sont de petites phrases qui aident l’apprenant à réfléchir sur sa façon d’apprendre. Elles peuvent être intégrées à trois moments clés :
Avant : « Comment vas-tu t’y prendre ? »
Pendant : « Est-ce que ta stratégie marche ? »
Après : « Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Qu’est-ce que tu feras différemment la prochaine fois ? »
Ces questions, répétées régulièrement, deviennent peu à peu des réflexes que l’apprenant se posera lui-même.
Des outils visuels simples et efficaces
Certains apprenants ont besoin de supports concrets pour mieux se repérer. Une check-list peut les aider à découper une tâche en étapes. Un minuteur visuel (comme un Time Timer) leur permet de gérer le temps sans se décourager. Un schéma en arbre peut aider à choisir une stratégie quand on se sent bloqué.
L’idée n’est pas d’accumuler les outils, mais de trouver ceux qui correspondent à l’apprenant et de les utiliser régulièrement.
Instaurer un rituel d’auto-évaluation
En fin de séance de travail, le parent peut proposer un petit rituel simple :
une réussite du jour,
une difficulté rencontrée,
une idée pour progresser.
Ce moment de recul, court mais régulier, installe une habitude réflexive. C’est exactement ce qui nourrit l’autorégulation dans les apprentissages.
Coopérer avec l’école
Enfin, il est essentiel de maintenir un dialogue entre la maison et l’école. Parfois, un apprenant réussit à s’autoréguler dans un contexte mais pas dans l’autre. Partager les observations avec l’enseignant ou l’orthopédagogue permet de mieux comprendre son profil et d’harmoniser les pratiques.
Les pièges à éviter
Le contrôle excessif
Beaucoup de parents, peur de l’échec, contrôlent chaque étape du travail. Mais à force de tout vérifier, ils privent leur apprenant de l’occasion d’expérimenter. L’autorégulation se construit l’expérience, pas la surveillance.
La punition de l’erreur
Lorsque chaque erreur est sanctionnée ou critiquée, l’apprenant finit craindre l’apprentissage lui-même. Il évite de prendre des risques et n’ose plus essayer. Or, l’erreur est une étape normale et même nécessaire dans le processus.
La comparaison avec les autres
Dire à un apprenant : « Regarde ton frère, il a fini plus vite » ou « Tes camarades y arrivent mieux » est décourageant. Chaque apprenant a son rythme. Comparer ne motive pas : cela mine la confiance et peut provoquer le décrochage.
Conclusion
L’autorégulation dans les apprentissages n’est pas un luxe ou une compétence réservée aux « bons élèves ». C’est un savoir-faire universel, indispensable pour avancer avec autonomie, confiance et persévérance.
Les parents, leur posture, leurs encouragements et les petits gestes du quotidien, jouent un rôle central dans ce développement. Leur mission n’est pas d’apporter toutes les réponses, mais de créer un environnement où leur apprenant ose chercher, se tromper, essayer à nouveau.
Accompagner un apprenant dans l’autorégulation, c’est l’aider à devenir autonome. Mais c’est aussi, à plus long terme, l’accompagner vers une vie d’adulte capable de s’adapter, d’apprendre et de se former tout au long de son parcours.
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FAQ – Autorégulation dans les apprentissages
1. Qu’est-ce que l’autorégulation dans les apprentissages ?
C’est la capacité d’un apprenant à planifier, observer, évaluer et ajuster ses stratégies afin de mieux apprendre et progresser de manière autonome.
2. Pourquoi l’autorégulation dans les apprentissages est-elle importante ?
Parce qu’elle favorise la confiance en soi, la persévérance et l’autonomie, trois piliers de la réussite scolaire et de la vie adulte.
3. Comment les parents peuvent-ils encourager cette compétence ?
En créant un cadre adapté, en posant des questions métacognitives et en valorisant les efforts plutôt que les résultats.
4. Quels sont les pièges les plus fréquents ?
Contrôler chaque étape, punir les erreurs ou comparer l’apprenant à d’autres. Ces attitudes freinent le développement de l’autonomie.
5. Quels outils simples peuvent être utilisés à la maison ?
Des check-lists, des minuteurs visuels, des rituels d’auto-évaluation ou des schémas pour aider à choisir une stratégie.
6. À quel âge commence l’autorégulation dans les apprentissages ?
Elle émerge dès la primaire, se développe au collège et au lycée, et continue de s’affiner à l’âge adulte.




