Fonctions cognitives
Flexibilité : une compétence invisible mais essentielle en éducation…
troubles neurodéveloppementaux : de quoi parle t on ?
Noémie COURTAIS
présomption de compétences
Flexibilité : une compétence invisible mais essentielle en éducation et en orthopédagogie
accompagnement orthopédagogique
accompagnement orthopédagogique
Pourquoi la flexibilité est un enjeu éducatif aujourd’hui ?
Nous vivons dans une société en mouvement permanent. Les apprentissages scolaires ne sont plus seulement des acquisitions de connaissances, mais aussi des entraînements à l’adaptabilité : apprendre à apprendre, à collaborer, à transférer ses compétences dans des contextes nouveaux.
Or, la flexibilité est précisément cette capacité à changer de perspective, à passer d’une tâche à une autre, à ajuster ses stratégies face à l’imprévu.
En éducation, ce besoin est double :
Préparer les apprenants à la complexité du monde : les métiers de demain nécessitent créativité, pensée critique et adaptabilité.
Répondre aux besoins des apprenants à besoins particuliers : pour qui la rigidité est souvent source de décrochage scolaire, de conflits sociaux ou d’anxiété.
Dans ce contexte, la flexibilité devient une compétence clé de l’inclusion scolaire et de la réussite à long terme.
Quand la rigidité freine les apprentissages
La rigidité cognitive n’est pas qu’un trait de caractère. Elle a des impacts très concrets dans la vie scolaire et sociale :
Apprentissages scolaires : un apprenant rigide peut refuser une nouvelle méthode de calcul, rester bloqué face à un problème différent de l’habitude, ou stresser à l’idée d’un contrôle surprise.
Relations sociales : insistance sur ses propres règles, refus de compromis dans les jeux, difficultés à accepter d’autres points de vue.
Vie familiale : crises lors des transitions, routines immuables, refus de nouveauté (aliments, activités).
Bien-être personnel : sentiment d’échec face à l’imprévu, incapacité à se projeter autrement que dans ce qui est connu.
Ces manifestations ne relèvent pas d’un manque de bonne volonté, mais traduisent des difficultés liées aux fonctions exécutives, à l’anxiété, à la fatigue cognitive ou encore à un environnement trop rigide.
👉 Autrement dit, sans accompagnement spécifique, la rigidité peut devenir un frein majeur à l’apprentissage, à l’inclusion et à l’autonomie.
Ce que dit les neurosciences sur la flexibilité
Les recherches mettent en évidence que la flexibilité mobilise plusieurs réseaux cérébraux, notamment dans le cortex préfrontal. Elle est étroitement liée à :
L’inhibition : la capacité à résister à une réponse automatique.
La mémoire de travail : garder en tête plusieurs informations pour envisager des alternatives.
La régulation émotionnelle : tolérer l’incertitude ou l’erreur sans paniquer.
Les études montrent aussi que la flexibilité est plasticité-dépendante : elle peut s’entraîner, se renforcer et évoluer avec l’expérience. C’est une bonne nouvelle pour les orthopédagogues : chaque activité sollicitant la créativité, la pensée divergente ou le changement de perspective est une occasion d’exercer cette compétence.
Pourquoi la flexibilité est un levier central pour l’orthopédagogue
L’orthopédagogie ne se limite pas à « enseigner autrement ». Elle vise à développer des compétences transversales qui soutiennent tous les apprentissages. La flexibilité en fait partie, car elle agit comme un outil de régulation.
Elle permet à l’apprenant de ne pas rester prisonnier d’une seule stratégie.
Elle favorise le transfert des apprentissages d’un contexte à l’autre.
Elle soutient l’inclusion, en aidant à mieux tolérer la diversité des règles et des interactions.
Elle nourrit la métacognition, puisque réfléchir à d’autres options implique une prise de recul sur ses propres processus.
Pour l’orthopédagogue, développer la flexibilité, c’est donc travailler au cœur même de l’autonomie de l’apprenant.
Comment soutenir la flexibilité au quotidien ?
L’accompagnement ne consiste pas seulement à « proposer des jeux », mais à structurer un parcours progressif :
Prendre conscience : amener l’apprenant à s’auto-observer (repérer ses blocages, mettre des mots sur ses réactions).
Analyser : encourager l’auto-évaluation (quelles stratégies marchent, lesquelles échouent).
Expérimenter : oser une réaction alternative (essayer un plan B, demander de l’aide, changer d’approche).
Sécuriser : créer un cadre tolérant à l’erreur et valoriser les petits pas.
Ces étapes se construisent pas à pas, avec un dosage subtil entre sécurité et nouveauté
Quelques situations où la flexibilité change tout
En mathématiques, un apprenant comprend qu’il existe plusieurs façons de poser une soustraction et qu’aucune n’est « interdite ».
En lecture, il apprend à ajuster sa stratégie : relire, poser une question, chercher un indice plutôt que bloquer.
En jeu de rôle, il explore un autre point de vue et réalise qu’il existe plusieurs « vérités » selon la place occupée.
En projet collectif, il accepte de tester l’idée d’un camarade et découvre que cette option est efficace.
En famille, il apprend à tolérer que le repas ou le trajet change sans perdre ses repères.
Dans toutes ces situations, la flexibilité ouvre une porte vers plus d’adaptation, de confiance et d’autonomie.
Lien avec d’autres compétences transversales
Cet article vous propose une réflexion large et approfondie sur l’importance de la flexibilité. Mais dans la pratique, comment passer à l’action avec vos élèves ?
Pour aller plus loin, j’ai préparé un document synthétique à télécharger, qui regroupe :
-
des exemples précis de signes de rigidité,
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des outils pour l’auto-observation, l’auto-évaluation et la réaction,
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des activités concrètes pour entraîner la flexibilité en classe et en accompagnement individuel.
Ce PDF devient une boîte à outils pratico-pratique qui complète cette réflexion théorique (cf. lien en bas d’article).
Conclusion
La flexibilité est une compétence invisible mais déterminante pour la réussite scolaire, l’inclusion et l’autonomie des apprenants. Elle ne s’impose pas, elle se construit. Et elle se cultive chaque jour grâce à des expériences variées, des environnements sécurisants et un accompagnement bienveillant.
Pour l’orthopédagogue, travailler la flexibilité, c’est offrir à l’élève la possibilité d’élargir son répertoire de réponses, de s’adapter aux imprévus et de renforcer sa confiance en sa capacité d’apprendre autrement.
Dans un monde où l’incertitude est devenue la norme, accompagner la flexibilité n’est pas un luxe, mais une nécessité.




