
Présomption de compétences et accompagnement : un levier pour…
troubles neurodéveloppementaux : de quoi parle t on ?

Noémie COURTAIS
présomption de compétences
Présomption de compétences et accompagnement : un levier pour la réussite éducative
- ,
- , Inclusivité
rôle de l'orthopédagogue
présomption de compétences
Qu'est-ce que la présomption de compétences ?
Le concept de présomption de compétences repose sur l’idée que chaque individu, y compris ceux en situation de difficulté ou de handicap, possède un potentiel à exploiter. Il s’oppose aux approches déficitaires qui se concentrent uniquement sur ce que l’élève ne sait pas faire.
Dans une approche basée sur la présomption de compétences, l’accompagnant (enseignant, orthopédagogue, éducateur) part du postulat que l’élève peut apprendre et progresser, à condition que l’environnement et les stratégies mises en place soutiennent son développement.
Ce principe trouve son origine dans les modèles pédagogiques inclusifs, notamment les approches inspirées du modèle RAI (Réponse à l’Intervention) et de l’accessibilité universelle en éducation.
🔹 Présomption de compétences vs. déficit de compétences
- Approche déficitaire : Focalisation sur les difficultés, croyance selon laquelle certains élèves sont incapables d’apprendre sans aide constante.
- Approche présomption de compétences : Croyance en la capacité d’apprendre de chacun, valorisation des forces et des stratégies d’adaptation.
Cette vision change profondément l’accompagnement éducatif et favorise une approche plus inclusive.
Pourquoi la présomption de compétences est essentielle dans l’accompagnement éducatif ?
2.1. Un impact direct sur la motivation et l’estime de soi
Lorsqu’un élève est constamment perçu comme incapable ou limité, il risque d’adopter une posture d’impuissance apprise : il intègre inconsciemment l’idée qu’il ne peut pas réussir et se désengage des apprentissages.
À l’inverse, en présumant de ses compétences, l’accompagnant lui envoie un message positif : « Tu es capable, tu as des ressources, et nous allons trouver ensemble comment les mobiliser. »
2.2. Une approche qui favorise l’inclusion
L’éducation inclusive repose sur l’adaptation des méthodes pédagogiques afin que tous les élèves puissent apprendre ensemble, sans être séparés selon leurs difficultés. La présomption de compétences est un levier clé pour éviter les effets de stigmatisation et favoriser une approche centrée sur les capacités plutôt que sur les limitations.
Exemple concret :
- Un élève dyslexique peut être perçu comme ayant de grandes difficultés en lecture. Pourtant, il peut avoir une excellente « mémoire auditive » et être capable d’apprendre autrement (livres audio, reconnaissance vocale…).
- Un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme peut rencontrer des difficultés dans les interactions sociales, mais posséder des compétences analytiques et logiques remarquables.
En valorisant ces forces, on encourage une participation active plutôt qu’une mise à l’écart.
2.3. Un levier pour le développement des compétences de vie
Les compétences de vie (ou compétences psychosociales) sont essentielles à la réussite éducative et sociale. Parmi elles, on retrouve la gestion des émotions, la résolution de problèmes, la communication efficace…
Or, ces compétences se développent mieux dans un climat de confiance et de valorisation des capacités. Un élève à qui l’on répète qu’il est capable d’apprendre développera davantage son sentiment d’efficacité personnelle, facteur clé de réussite.
Comment intégrer la présomption de compétences dans l’accompagnement ?
3.1. Adopter une posture de facilitateur
L’accompagnant joue un rôle clé : il doit croire au potentiel de l’élève et lui fournir les outils nécessaires pour qu’il prenne conscience de ses propres compétences. Cela passe :
- Une écoute active et une reformulation positive des difficultés.
- L’encouragement à l’autonomie en évitant le sur-accompagnement.
- Une adaptation multimodale des supports d’apprentissage .
3.2. Miser sur des stratégies pédagogiques adaptées
Les méthodes d’enseignement doivent permettre à chaque élève d’exploiter ses compétences. Quelques exemples de stratégies efficaces :
- L’enseignement explicite : Donner des consignes claires, modéliser les processus cognitifs.
- L’auto-observation et l’autorégulation : Encourager les élèves à identifier ce qui fonctionne pour eux.
- L’apprentissage coopératif : Travailler en binômes ou en groupes pour favoriser l’entraide et la valorisation des forces de chacun.
3.3. Valoriser les réussites et les efforts
Plutôt que de se focaliser uniquement sur la performance finale, il est important de reconnaître le chemin parcouru. Cela peut se faire à travers :
- Des feedbacks positifs et constructifs.
- La mise en place de journaux de progrès où l’élève note ses avancées.
- Des rituels de reconnaissance des réussites, même minimes, pour renforcer la motivation
Défis et limites de la présomption de compétences
Bien que cette approche soit bénéfique, elle nécessite des ajustements et une réflexion continue :
- Formation des professionnels : Certains enseignants ou accompagnants peuvent être influencés des croyances limitantes et avoir besoin d’un accompagnement pour changer leur posture.
- Équilibre entre soutien et autonomie : Il ne s’agit pas de nier les difficultés, mais de trouver un juste milieu entre aide et responsabilisation.
Conclusion : la présomption de compétences, un changement de paradigme éducatif
La présomption de compétences est un levier puissant pour transformer l’accompagnement éducatif. Elle permet de créer un environnement plus inclusif, motivant et favorable à l’épanouissement des élèves.
En tant qu’orthopédagogue, il est essentiel de s’appuyer sur ce principe pour :
✅ Encourager la motivation et la persévérance scolaire.
✅ Favoriser l’inclusion et éviter la stigmatisation.
✅ Développer les compétences de vie et le sentiment d’efficacité personnelle.
Adopter cette posture, c’est croire en la capacité d’apprentissage de chacun et offrir aux élèves l’opportunité de révéler leur plein potentiel.