La neuroéducation, qu’est-ce que c’est ?
Noémie Maury Courtais
La neuroéducation, qu’est-ce que c’est ?
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La neuroéducation, ou neurosciences de l’éducation est une approche à la croisée des chemins, qui fait du lien entre les chercheurs en neurosciences cognitives et les enseignants. L’union de ces acteurs a pour objectif de défendre l’idée qu’une meilleurs connaissance des process d’apprentissage, de la mémoire ou du langage est nécessaire pour interroger et enrichir au quotidien les pratiques pédagogiques.
Steve Masson, professeur à l’Université du Québec et président de l’Association pour la recherche en neuroéducation en donne la définition suivante : « Mieux comprendre le cerveau pour mieux enseigner« .
Les principaux objectifs de la neuroéducation
– Mieux comprendre le cerveau, la manière d’apprendre et de penser.
– Evaluer de manière scientifique des interventions pour aider les élèves, en difficulté ou non, à mieux apprendre.
– Utiliser les connaissances sur le fonctionnement cérébral pour interroger les pratiques éducatives existantes, les conforter, les nuancer et/ou les faire évoluer.
Les domaines abordés la neuroéducation
Les domaines abordés la neuroéducation sont nombreux et je me ferai un plaisir de les détailler via ce blog, dans de prochains articles.
En voici ci-dessous quelques exemples, notamment en lien aux quatre grands piliers de l’apprentissage de Stanislas Dehaene, aux quatre grands principes d’Olivier Houdé et aux sept principes neuroéducatifs de Steve Masson.
- Mieux connaître son cerveau
Connaître son cerveau et son fonctionnement pour comprendre qu’il n’est pas immuable (plasticité cérébrale, recyclage neuronal) et va se modifier en fonction des expériences de vie et des apprentissages de l’apprenant. Et ainsi, faire confiance en son potentiel pour développer sa mémoire tout au long de sa vie.
Identifier sa structure et les différentes fonctions associées aux lobes, notamment pour prendre conscience du rôle et de l’importance des fonctions exécutives (et plus largement cognitives), mais aussi des émotions.
- Comment mémoriser et consolider ses apprentissages
Connaître SES mémoires (sémantique, procédurale, perceptive, de travail) pour mettre en place des stratégies adaptées.
Prendre conscience du chemin du traitement de l’information, de la perception à la récupération, pour l’optimiser.
Savoir que les règles fondamentales de la mémorisation sont communes à tous (nécessité de comprendre pour mémoriser, posture pro-active de l’apprenant – questionnement, correction des erreurs, émotions – , importance de la consolidation, exemple avec la répartition des apprentissages).
Mais aussi que l’environnement à un rôle primordial à jouer pour une meilleure mémorisation (paramètres de la motivation, phénomènes biologiques, métacognition).
- Le contrôle exécutif : automatisation, contrôle inhibiteur et attention
Apprendre à alléger la charge cognitive de sa mémoire de travail en mettant des procédures au service de l’exécution.
Connaître le principe du contrôle inhibiteur et l’entraîner ; car il nous permet au quotidien de raisonner, d’accéder à une pensée logique en résistant à certains biais et de se forger un esprit critique tout en construisant sa conscience à l’autre (apprendre à inhiber son point de vue pour se décentrer).
S’exercer à contrôler ses pensées vagabondes, disposer de capacités attentionnelles et gérer les distracteurs externes pour optimiser sa concentration.
qu'en est-il de la neuroéducation sur le terrain ?
Le domaine 2 du socle commun de connaissances, de compétences et de culture intitulé « méthodes et outils pour apprendre » évoque l’oganisation du travail personnel et la nécessité d’apprendre à apprendre aux élèves, c’est à dire mettre en œuvre les capacités essentielles que sont l’attention, la mémorisation, la mobilisation de ressources, la concentration, l’aptitude àl’échange et au questionnement, le respect des consignes, la gestion de l’effort.
Mais aussi, savoir identifier un problème, s’engager dans une démarche de résolution, mobiliser les connaissances nécessaires, analyser et exploiter les erreurs, mettre à l’essai plusieurs solutions, accorder une importance particulière aux corrections.
Sur le terrain, en et hors classe, les acteurs se multiplient :
- Les dispositifs cogni-classes – à l’initiative d’équipes pédagogiques ou établissements, les enseignants sélectionnent des pistes pédagogiques à mettre en place en classe. Beaucoup axent exemple leurs démarches sur la mémorisation.
- La recherche collaborative Lea.fr – LaPsyDE Du labo à la classe, qui regroupe 240 classes, avec pour objectif l’adaptation et la vérification de la faisabilité d’interventions pédagogiques en classe sur ces sujets, tout en répondant à un protocole de recherche.
Depuis, d’autres recherches-actions du même type se développent.
- L’orthopédagogie qui a notamment pour mission d’accompagner les apprenants sur ces thématiques transversales. Voir l’article Qu’est-ce que l’orthopédagogie ?
Et les limites ?
Il est bien évident que la neuroéducation n’a pas pour but de révolutionner ou réinventer la pédagogie, mais simplement d’apporter une nouvelle pierre aux sciences de l’éducation, en mettant en parallèle les recherches en cours avec les connaissances sur le développement de l’enfant et en psychologie de l’apprentissage et de l’éducation, pour y donner plus (ou moins ^^) de poids.